Château d'Amoy
Au XIIe siècle, Amoy est une des possessions de l’Abbaye de Saint Denis, que l’on retrouve dans le cartulaire blanc sous le nom d’Amorium et devient une seigneurie suite à une donation en 1209 au chevalier Mathieu de Dossainville. De cette époque subsistent des murs épais du corps de logis ainsi que deux tours d’angles percées d’archères.
Amoy se présente aujourd’hui comme un château de style Louis XIII. À cette époque, les Seigneurs d’Amoy sont puissants et influents et l’on peut penser que leur position sociale les incite à remanier la maison forte en château d’agrément. On trouve une grande symétrique de part et d’autre d’un large vestibule, avec une tour carrée à l’angle sud est « le titrier » et une des tours d’angle ronde au sud ouest
Des inventaires après décès, de 1653 à 1782, permettent de connaître la distribution intérieure du château que l’on retrouve encore aujourd’hui. La seule modification apparente est l’aménagement des combles avec la création d’œils-de-bœuf pour éclairer la soupente.
Les communs sont agrandis de nouveaux bâtiments au milieu du XVIIIe siècle et seront restaurés fin XVIIIe.
Certains des murs du corps de logis datent probablement du XIIe siècle de même que les tours rondes du versant sud qui portent encore des éléments défensifs tels qu’embrasures d’archères.
De la fin du Moyen-âge à 1830, soit pendant près de quatre siècles, Amoy appartient à la même famille. La lignée commence en 1487 avec Amy Hanapier et Marion Monceau, fille de Pierre Monceau et de Nicole de Mareau. L’alliance avec les Saint Mesmin donnera naissance à Jacques Hanapier (1540-1596). Grand Maître des Eaux et Forêts du Duché d’Orléans et Gentilhomme de Catherine de Médicis, il est proche du pouvoir et très influent. On notera qu’il est aussi apparenté aux Fleury, Rousselet, Sarrebourse. En 1588-1589, il est un des tous premiers maires d’Orléans. En 1574, puis 1596, il reçoit l’autorisation de fortifier Amoy et d’y établir un pont-levis par lettres patentes d’Henri III puis d’Henri IV. Les pilstres d’entrée étaient encadrés de tours rondes, l’une d’entre elle est aujourd’hui la chapelle, de l’autre ne subsitent que les fondations. Au XVIIe siècle, les Hanapier s’unissent à une autre famille de hauts fonctionnaires, les Guillard.
Nicolas Hanapier (1570?- 1641), son fils, Président Trésorier Général de France à Orléans, n’ayant pas de descendant, choisit son petit neveu André Jean-Baptiste Guillard comme héritier.
André Jean-Baptiste Guillard (1626-1692), Trésorier de France en la Généralité d’Orléans, Chevalier Seigneur d’Amoy, entreprend d’agrandir son domaine en faisant l’acquisition la Vicomté de Liffermeau1 auprès de Messire Pierre de Challudet, Chevalier, Vicomte de Liffermeau, Conseiller du Roi en ses Conseils, Maître d’Hôtel Ordinaire de sa Majesté, époux de Suzanne de Rochechouart. On retrouve aujourd’hui dans le salon et la salle à manger d’Amoy des plaques de cheminée du XVIIe aux armes des Challudet.
Cette acquisition procure aussi à la famille Guillard/Hanapier des avantages honorifiques:
- Le titre de Vicomte de Liffermeau, puisque cette terre avait été érigée en vicomté par le Duc d’Orléans; érection confirmée par lettres patentes du Roi Louis XIV.
- La haute, moyenne et basse justice sur la paroisse d’Oyson et le village de Spuis également concédée par le Duc d’Orléans le 15 avril 1647, autorisation d’ériger des fourches patibulaires.
- Le patronage laïc de la paroisse d’Oyson et le droit de présentation à la cure de la paroisse d’Oyson, c’est-à-dire le droit de nommer le curé
Le 5 juillet 1665, il épouse Marie Anne Sallé, fille de Jacques Sallé, Conseiller du Roi, Auditeur Ordinaire en sa Chambre des Comptes.
Ils ont trois enfants : Jean-Baptiste, Eléonore qui épouse Isidore Marie Lottin de charny, dont la famille possédait la terre de Vaux-le-Vicomte avant qu’elle ne soit vendue le 1er février 1641 à Nicolas Fouquet, et Marie Madeleine guillard, qui épouse Gabriel Michel de Combes, Conseiller du roi, Président Lieutenant général en la Sénéchaussée d’Auvergne de la ville de Riom.
Jean-Baptiste Guillard (1670-1713), Seigneur d’Amoy et Vicomte de Liffermeau, reçoit du Roi Louis XIV des lettres d’Octroi et de nomination de Conseiller en son Grand Conseil le 16 avril 169. Il épouse le 17 mai 1697 Marie Anne Catherine Le Haguais de Montgivrault
Marie Laurence Guillard de Blémars (1720-1782) épouse en première noce par contrat du 31 août 1729 Pierre Anne Estienne Rocheron de Voisins, écuyer.
Il entre dans une famille de parlementaires alliée à plusieurs grands noms de la noblesse de robe : Joly de Fleury, Lamoigon, d’Argouges, Turgot … et par les Le Haguais à d’autres familles de noblesse d’épée : Blouet de Canilly, Boisset d’Arville …
Il est cité en 1740 comme Avocat au Parlement. Le 21 mai 1740, il est pourvu par le Roi Louis XV, sur proposition du Duc d’Orléans, de la charge de Premier Président du Bureau des Finances de la Généralité d’Orléans, charge devenue vacante par le décès de Pierre-Claude Cahouet de Beauvais. Il devient trésorier de la Marine au port et arsenal de Brest. Il est permis de penser que l’attribution de cette charge lui fût facilitée par ses relations familiales, principalement celle de son beau-frère, Jean-Baptiste Moufle, Trésorier Général des Troupes de la Maison du Roi.
Veuve en 1744, Marie Laurence Guillard épousa en seconde noces, le 24 janvier 1748, Jacques Pierre Coeuret, Seigneur du Pont et de Secqueville, Enseigne de la Compagnie des Gardes du Pavillon Amiral et des Vaisseaux du Roi, puis Chevalier de Saint Louis et Lieutenant des Vaisseaux du Roi. Ils ont un fils Augustin Charles Marie Félix Joseph Coeuret de Secqueville, Lieutenant des Vaisseaux du Roi, Aide Major de sa Marine au département de Brest et chevalier de l’Ordre Militaire de Saint Louis, qui épousera Marie Josèphe de Lambour.
Marie Laurence Guillard fait son testament le 18 juillet 1777 et décède au château d’Amoy le 4 octobre 1782. Seules les terres d’Amoy, Liffermeau et alentours subsistent à l’inventaire.
La même année, son fils Pierre Augustin Rocheron d’Amoy épouse Charlotte Elisabeth Jogues de Guedreville, fille mineure d’Augustin Guillaume Jogues de Guedreville, écuyer, Seigneur de Germonville, Conseiller Secrétaire du Roi, Maison Couronne de France près la Cour des Aydes du Royaume. Ils ont deux enfants Augustin Charles et Anne Marie Henriette, décédée à l’âge de 10 ans.
Augustin Charles Rocheron d’Amoy (1777-1838), né en 1777, se marie en 1796 avec Anne Joséphine de la Plesse, âgée de 16 ans seulement. Elle lui donne deux enfants et meure de chagrin en 1811, après avoir perdu sa fille Françoise Eléonore.
Au lendemain de la Révolution, on sait qu’il restaure les communs du château d’Amoy et les fermes du Rondeau, de Mamonville … qu’il vend les unes après les autres pour faire face à un train de vie dispendieux. Son fils, Charles Augustin, décide d’acheter des terres en Sologne pour mettre sa famille à l’abri du besoin. Il a épousé sa cousine Aglae Anne Marie de Beauclerc en 1824 et, il fait construire une « nouvelle demeure familiale » : le château d’Amoy-Trégy, sur la commune de Vouzon2. Elu Maire de Vouzon en 1828, il occupe cette fonction jusqu’à sa mort en 1864. Ses descendants, la famille Saint Pol, habitent toujours les terres du domaine qu’il a construit autour de ce nouvel « Amoy ».
1 Le 21 décembre 1654, ces terres avaient été acquises par Pierre de Challudet quelques années auparavant et ils les avaient faites érigées en Vicomté.
2 Lieu-dit de Trégy
(recherches historiques effectuées par Sophie Régniez)