Ferme de Mamonville
À Oison existe une ferme très importante, la ferme de Mamonville, très connue dans toute la région par l’histoire authentique qui s’y rattache.
À l’époque où se sont déroulés les événements que nous allons rappeler très succinctement, Mamonville se composait, comme aujourd’hui, d’une pièce de terre de 275 hectares d’un seul tenant avec maison de maîtres et toutes les dépendances nécessaires à l’exploitation. C’était un riche domaine transmis de père à enfants, transmission qui aurait dû continuer sans l’événement qui vint en briser la chaine. Les derniers propriétaires, aimés de tous dans le pays, exploitaient eux-mêmes leur riche propriété. Ils n’avaient qu’un fils.
Touchés par l’engouement, ils décidèrent d’envoyer leur héritier à Paris. Il y fit de bonnes études. Aux vacances, il aimait inviter des camarades qui admiraient la belle exploitation beauceronne. C’était alors fête à la ferme en l’honneur du futur héritier et de ses invités.
Grâce à ses connaissances et à sa fortune, l’heureux fils unique traita d’une charge qui l’élevait dans le grand monde de la capitale, puis, une riche parisienne, fort gracieuse au reste, lui accorda sa main. Il s’empressa d’avertir papa et maman de ces bonnes nouvelles. C’était nécessaire puisqu’ils détenaient le coffre-fort.
Mais une chose tourmentait ce fils qui avait tout pour être heureux ; appeler ses parents pour le contrat et la cérémonie de mariage était indispensable, mais, ils n’étaient que des Beaucerons, des paysans, qui ne savaient rien des usages et de la mode de la capitale. Le papa, ne se doutant pas de telles dispositions d’esprit, se présenta avec sa culotte du plus beau velours, ses guêtres d’une blancheur irréprochable, ses souliers à boucles d’argent. La maman avait mis sa robe de soie gorge pigeon, son fichu et son bonnet de dentelles.
Mais ces toilettes étaient bien loin des brillantes tenues qui devaient faire l’ornement de la fête. Tout en leur prodiguant des caresses, le fils fit comprendre à ses parents qu’ils seraient bien mal à l’aise au milieu d’inconnus et les persuada qu’une petite salle à part, rien qu’à eux, leur conviendrait beaucoup mieux. A cette proposition, les pauvres vieux comprennent qu’ils sont de trop parmi le beau monde et que leur fils rougit de ses origines paysannes. Ils ne dirent rien, mais, dès qu’ils le purent, ils commandent une voiture et se font conduire à Orléans. Là, d’un commun accord, ils font donation de leurs biens à l’Hôtel-Dieu d’Orléans, à l’intention des pauvres.
Quelques jours après que la noce fut passée, les jeunes mariés et la belle famille, prirent leur essor vers la belle ferme beauceronne si riche. Quand ils arrivèrent, ils trouvèrent toutes les portes fermées. Ils ne purent même pas pénétrer dans la cour. Tout semblait mort. À ce moment, le fils ingrat comprit sa faute et il eut beau appeler, supplier tout resta clos. Il réalisa pleinement ses torts lorsque, levant les yeux, il découvrit, peint en haut des portes cochères, ces deux vers qu’on connait tous dans la contrée : ‘’Mon fils, Mamonville est jolie, tu l’as perdue par ta folie’’.
Nul ne sait ce qu’est devenu l’ingrat, mais à la mort du dernier propriétaire, la riche ferme de Mamonville est devenue la propriété de l’Hôtel-Dieu d’Orléans, et Mamonville est plus connue sous le nom de MAMONVILLE-la-JOLIE.
(Texte communiqué par Julien PAROU)